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JAUNE.

pour la plus grande fête de l’univers : le roi des mines d’or fit venir des sommes si prodigieuses que toute la mer était couverte des navires qui les apportaient : l’on envoya dans les cours les plus jolies et les plus galantes, et particulièrement à celle de France, pour avoir ce qu’il y avait de plus rare, afin de parer la princesse ; elle avait moins besoin qu’une autre des ajustemens qui relèvent la beauté ; la sienne était si parfaite, qu’il ne s’y pouvait rien ajouter, et le roi des mines d’or se voyant sur le point d’être heureux, ne quittait plus cette charmante princesse.

L’intérêt qu’elle avait à le connaitre, l’obligea de l’étudier avec soin ; elle lui découvrit tant de mérite, tant d’esprit, des sentimens si vifs et si délicats, enfin une si belle âme dans un corps si parfait, qu’elle commença de ressentir pour lui une partie de ce qu’il ressentait pour elle. Quels heureux momens pour l’un et pour l’autre, lorsque dans les plus beaux jardins du monde, ils se trouvaient en liberté de se découvrir toute leur tendresse : ces plaisirs étaient souvent secondés par ceux de la musique. Le roi toujours galant et amoureux, faisait des vers et des chansons pour la princesse ; en voici une qu’elle trouva fort agréable.

Ces bois en vous voyant sont parés de feuillages,
Et ces prés font briller leurs charmantes couleurs ;
Le Zéphir sous vos pas fait éclore les fleurs ;
Les oiseaux amoureux redoublent leurs ramages ;
Dans ce charmant séjour
Tout rit, tout reconnait la fille de l’Amour.