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JAUNE.

prit la résolution de transporter le roi dans un lieu aussi agréable que cette solitude était affreuse, de manière que l’obligeant à monter dans son chariot où elle avait attaché des cygnes, au lieu de chauve-souris qui le conduisaient ordinairement, elle vola d’un pôle à l’autre.

Mais que devint ce prince, lorsqu’en traversant ainsi le vaste espace de l’air, il aperçut sa chère princesse dans un château tout d’acier, dont les murs frappés par les rayons du soleil, faisaient des miroirs ardens qui brûlaient tous ceux qui voulaient en approcher ; elle était dans un bocage, couchée sur le bord d’un ruisseau, et une de ses mains sous la tête, et de l’autre elle semblait essuyer ses larmes : comme elle levait les yeux vers le ciel pour lui demander quelque secours, elle vit passer le roi avec la fée du Désert, qui ayant employé l’art de féerie où elle était experte, pour paraître belle aux yeux du jeune monarque, parut en effet à ceux de la princesse, la plus merveilleuse personne du monde. « Quoi ! s’écria-t-elle, ne suis-je donc pas assez malheureuse dans cet inaccessible château, où l’affreux Nain Jaune m’a transportée ; faut-il que, pour comble de disgrâce, le démon de la jalousie vienne me persécuter ? Faut-il que par une aventure si extraordinaire, j’apprenne l’infidélité du roi des mines d’or ? Il a cru, en me perdant de vue être affranchi de tous les sermens qu’il m’a faits. Mais qui est cette redoutable rivale, dont la fatale beauté surpasse la mienne ? »