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ET PERCINET.

mon père me croie plus long-temps morte ; si vous m’aimez, remenez-moi. » Quelque chose qu’il pût lui dire, il fallut obéir, quoiqu’avec une répugnance extrême. « Ma princesse, lui disait-il, vous regretterez plus d’une fois le palais de féerie ; car pour moi je n’ose croire que vous me regrettiez, vous m’êtes plus inhumaine que Grognon ne vous l’est. « Quoi qu’il pût lui dire, elle voulut partir, et prit congé de la mère et des sœurs du prince. Il monta avec elle dans le traineau, les cerfs se mirent à courir ; et comme elle sortait du palais, elle entendit un grand bruit : elle regarda derrière elle, c’était tout l’édifice qui tombait en mille morceaux. » « Que vois-je ! s’écria-t-elle, il n’y a plus ici de palais ! — Non, lui répliqua Percinet, palais sera parmi les morts, vous n’y entrerez qu’après votre enterrement. — Vous êtes en colère, lui dit Gracieuse en essayant de le radoucir ; mais au fond, ne suis-je pas plus à plaindre que vous ? »

Quand ils arrivèrent, Percinet fit que la princesse, lui et le traîneau devinrent invisibles. Elle monta dans la chambre du roi, et fut se jeter à ses pieds. Lorsqu’il la vit, il eut peur, et voulut fuir, la prenant pour un fantôme ; elle le retint et lui dit qu’elle n’était point morte ; que Grognon l’avait fait conduire dans la forêt sauvage, qu’elle était montée au haut d’un arbre, où elle avait vécu de fruits ; qu’on avait fait enterrer une bûche à sa place, et qu’elle lui demandait en grâce de l’envoyer dans quelqu’un de ses châ-