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LE NAIN

meilleure grâce du monde, et disparut à ses yeux. Il n’eut plus rien à faire qu’à s’avancer vers le château d’acier.

Ainsi guidé par son amour, il marcha à grands pas, regardant d’un œil curieux s’il apercevrait son adorable princesse ; mais il ne fut pas long-temps sans occupation : quatre sphinx terribles l’environnèrent, et jetant sur lui leurs griffes aiguës, ils l’auraient mis en pièces, si l’épée de diamans n’avait commencé à lui être aussi utile que la sirène l’avait prédit. Il la fit à peine briller aux yeux de ces monstres, qu’ils tombèrent sans force à ses pieds ; il donna à chacun un coup mortel, puis s’avançant encore, il trouva six dragons couverts d’écailles plus difficiles à pénétrer que le fer. Quelque effrayante que fût cette rencontre, il demeura intrépide ; et se servant de sa redoutable épée, il n’y en eut pas un qu’il ne coupât, par la moitié : il espérait d’avoir surmonté les plus grandes difficultés, quand il lui en survint une bien embarrassante. Vingt-quatre nymphes, belles et gracieuses, vinrent à sa rencontre tenant de longues guirlandes de fleurs, dont elles lai fermaient le passage. « Où voulez-vous aller, seigneur ? lui dirent-elles nous sommes commises à la garde de ces lieux, si nous vous laissions passer, il en arriverait à vous et à nous des malheurs infinis ; de grâce, ne vous opiniâtrez point ; voudriez-vous tremper votre main victorieuse dans le sang de vingt-quatre filles innocentes qui ne vous ont jamais causé de déplaisir ? » Le roi à cette vue demeura