sortes de bâtimens différens, dont les voiles les banderolles et les flammes agitées par les vents, faisaient l’effet du monde le plus agréable à la vue.
« Dieux ! justes Dieux ! s’écria-t-elle, que vois-je ? où suis-je ? Quelle surprenante métamorphose ! Qu’est donc devenu cet épouvantable rocher, qui semblait menacer les cieux de ses pointes sourcilleuses ? Est-ce moi qui péris hier dans une barque, et qui fus sauvée par le secours d’un serpent ? » Elle parlait ainsi, elle se promenait, elle s’arrêtait ; enfin elle entendit quelque bruit dans son appartement, elle y entra et vit venir à elle cent pagodes vêtus et faits de cent manières différentes ; les plus grands avaient une coudée de haut, et les plus petits n’avaient pas plus de quatre doigts ; les uns beaux, gracieux, agréables ; les autres hideux, et d’une laideur effrayante ; ils étaient de diamans, d’émeraudes, de rubis, de perles, de cristal, d’ambre, de corail, de porcelaine, d’or, d’argent, d’airain, de bronze, de fer de bois, de terre ; les uns sans bras, les autres sans pieds, des bouches à l’oreille, des yeux de travers, des nez écrasés ; en un mot, il n’y a pas plus de différence entre les créatures qui habitent le monde, qu’il y en avait entre ces pagodes.
Ceux qui se présentèrent devant la princesse, étaient les députés du royaume ; après lui avoir fait une harangue mêlée de quelques réflexions très-judicieuses, ils lui dirent, pour la divertir,