Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/353

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
341
VERT.

elle s’abattit sur des fleurs qui eurent à souffrir de sa mauvaise humeur.

» Accablé de son mépris et de mon état, je volai sans tenir aucune route certaine. J’arrivai enfin dans une des plus belles villes de l’univers, que l’on nomme Paris ; j’étais las, je me jetai sur une touffe de grands arbres qui étaient enclos de murs, et sans que je susse qui m’avait pris, je me trouvai à la porte d’une cage peinte de vert et garnie d’or ; les meubles et l’appartement étaient d’une magnificence qui me surprit ; aussitôt une jeune personne vint me caresser, et me parla avec tant de douceur, que j’en fus charmé, je ne demeurai guère dans sa chambre sans être instruit du secret de son cœur : je vis venir chez, elle une espèce de matamore toujours furieux, qui ne pouvant être satisfait, ne la chargeait pas seulement de reproches injustes, mais la battait à la laisser pour morte entre les bras de ses femmes. Je n’étais pas médiocrement affligé de lui voir souffrir un traitement si indigne, et ce qui m’en déplaisait davantage, c’est qu’il semblait que les coups dont il l’assommait, avaient la vertu de réveiller toute la tendresse de cette jolie dame.

» Je souhaitais jour et nuit que les fées qui m’avaient rendu serin vinssent mettre quelqu’ordre à des amours si mal assortis ; mes désirs s’accomplirent ; les fées parurent brusquement dans la chambre, comme l’amant furieux commençait son sabbat ordinaire ; elles le chargèrent, de reproches, et le condamnèrent à devenir