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LA GRENOUILLE

et les beaux yeux de Moufette les arrêtaient tous. Entre ceux qui parurent les mieux faits et les plus adroits, le prince Moufy emporta partout l’avantage ; l’on n’entendait que des applaudissemens ; chacun l’admirait, et la jeune Moufette qui avait été jusqu’alors avec les serpens et les dragons du lac, ne put s’empêcher de rendre justice au mérite de Moufy ; il ne se passait aucun jour sans qu’il fît des galanteries nouvelles pour lui plaire, car il l’aimait passionnément ; et s’étant mis sur les rangs pour établir ses prétentions, il fit connaître au roi et à la reine que sa principauté était d’une beauté et d’une étendue qui méritait bien une attention particulière.

Le roi lui dit que Moufette était maîtresse de se choisir un mari, et qu’il ne la voulait contraindre en rien ; qu’il travaillât à lui plaire, que c’était l’unique moyen d’être heureux. Le prince fut ravi de cette réponse ; il avait connu plusieurs rencontres qu’il ne lui était pas indifférent ; et s’en étant enfin expliqué avec elle, elle lui dit que s’il n’était pas son époux, elle n’en aurait jamais d’autre. Moufy, transporté de joie, se jeta à ses pieds, il la conjura, dans les termes les plus tendres, de se souvenir de la parole qu’elle lui donnait.

Il courut aussitôt dans l’appartement du roi et de la reine ; il leur rendit compte des progrès que son amour avait faits sur Moufette, et les supplia de ne plus différer son bonheur. Ils y consentirent avec plaisir. Le prince Moufy avait