un géant d’une grandeur démesurée, qui se disait ambassadeur du dragon du lac, lequel, suivant la promesse qu’il avait exigée du roi pour lui aider à combattre et à vaincre les monstres, venait demander la princesse Moufette, afin de la manger en pâté ; qu’il s’était engagé par des sermens épouvantables de lui donner tout ce qu’il voudrait ; et en ce temps-là l’on ne savait pas manquer à sa parole.
La reine, entendant ces tristes nouvelles, poussa des cris affreux ; elle serra la princesse entre ses bras : « L’on m’arrachera plutôt la vie, dit-elle, que de me résoudre à livrer ma fille à ce monstre ; qu’il prenne notre royaume et tout ce que nous possédons. Père dénaturé, pourriez-vous donner les mains à une si grande barbarie ? Quoi ! mon enfant serait mis en pâté ! Ah ! je n’en peux soutenir la pensée : envoyez moi ce barbare ambassadeur ; peut-être que mon affliction le touchera. »
Le roi ne répliqua rien ; il fut parler au géant, et l’amena ensuite à la reine, qui se jeta à ses pieds ; elle et sa fille le conjurèrent d’avoir pitié d’elles, et de persuader au dragon de prendre tout ce qu’elles avaient, et de sauver la vie à Moufette ; mais il leur répondit que cela ne dépendait point du tout de lui, et que le dragon était trop opiniâtre et trop friand ; que lorsqu’il avait en tête de manger quelque bon morceau, tous les dieux ensemble ne lui en ôteraient pas l’envie ; qu’il leur conseillait en ami de faire la chose de bonne grâce, parce qu’il