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LA BICHE

le visage de leurs mains, elle eut la générosité de demander leur grâce, et que le même chariot où elles étaient ; servit à les conduire où elles voudraient aller. Le roi consentit à ce qu’elle souhaitait : ce ne fut pas sans admirer son bon cœur, et sans lui donner de grandes louanges.

On ordonna que l’armée retournerait sur ses pas : le prince monta à cheval pour accompagner sa belle princesse. On les reçut dans la ville capitale avec mille cris de joie. L’on prépara tout pour le jour des noces, qui devint très solennel, par la présence des six benignes fées qui aimaient la princesse. Elles lui firent les plus riches présens qui se soient jamais imaginés ; entr’autres ce magnifique palais où la reine les avait été voir, parut tout d’un coup en l’air, porté par cinquante mille amours, qui le posèrent dans une belle plaine au bord de la rivière : après un tel don, il ne s’en pouvait plus faire de considérable.

Le fidèle Becafigue pria son maître de parler à Giroflée, et de l’unir avec elle lorsqu’il épouserait la princesse ; il le voulut bien : cette aimable fille fut très-aise de trouver un établissement si avantageux en arrivant dans un royaume étranger. La fée Tulipe, qui était encore plus libérale que ses sœurs, lui donna quatre mines d’or dans les Indes, afin que son mari n’eût pas l’avantage de se dire plus riche qu’elle. Les noces du prince durèrent plusieurs mois ; chaque jour fournissait une fête nouvelle, et les