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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/468

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LA CHATTE

ses frères. Ils s’y rendirent peu après, et demeurèrent surpris de voir dans la cour un cheval de bois qui sautait mieux que tous ceux que l’on a dans les académies.

Le prince vint au-devant d’eux : ils s’embrassèrent plusieurs fois, et se rendirent compte de leurs voyages ; mais notre prince déguisa à ses frères la vérité de ses aventures, et leur montra un méchant chien qui servait à tourner la broche, disant qu’il l’avait trouvé si joli, que c’était celui qu’il apportait au roi. Quelque amitié qui fût entr’eux, les deux aînés sentirent une secrète joie du mauvais choix de leur cadet, ils étaient à table, et se marchaient sur le pied, comme pour se dire qu’ils n’avaient rien à craindre de ce côté-là.

Le lendemain ils partirent ensemble dans un même carrosse. Les deux fils aînés du roi avaient de petits chiens dans des paniers si beaux et si délicats que l’on osait à peine les toucher. Le cadet portait le pauvre Tourne-Broche, qui était si crotté, que personne ne voulait le souffrir. Lorsqu’ils furent dans le palais, chacun les environna pour leur souhaiter la bienvenue. Ils entrèrent dans l’appartement du roi. Il ne savait en faveur duquel décider ; car les petits chiens qui lui étaient présentés par ses deux aînés étaient presque d’une égale beauté ; et ils se disputaient déjà l’avantage de sa succession, lorsque leur cadet les mit d’accord en tirant de sa poche le gland que Chatte Blanche lui avait donné. Il l’ouvrit promptement, puis chacun vit un pe-