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BLANCHE.

cher ce qu’il trouverait plus aisément chez elle qu’en aucun lieu du monde.

Les mains parurent, elles portaient des flambeaux, et le prince les suivant avec Chatte Blanche, entra dans une magnifique galerie qui régnait le long d’une grande rivière, sur laquelle on tira un feu d’artifice surprenant. L’on у devait brûler quatre chats, dont le procès était fait dans toutes les formes. Ils étaient accusés d’avoir mangé le rôti du souper de la Chatte Blanche, son fromage, son lait, d’avoir même conspiré contre sa personne avec Martafax et l’Ermite, fameux rats de la contrée, et tenus pour tels par La Fontaine, auteur très-véritable ; mais avec tout cela l’on savait qu’il y avait beaucoup de cabale dans cette affaire, et que la plupart des témoins étaient subornés. Quoi qu’il en soit, le prince obtint leur grâce. Le feu d’artifice ne fit mal à personne, et l’on n’a encore jamais vu de si belles fusées.

L’on servit ensuite une médianoche très-propre, qui causa plus de plaisir au prince que le feu, car il avait grand’faim, et son cheval de bois l’avait mené si vite, qu’il n’a jamais été de diligence pareille. Les jours suivans se passèrent comme ceux qui les avaient précédés avec mille fêtes différentes, dont l’ingénieuse Chatte Blanche régalait son hôte. C’est peut-être le premier mortel qui se soit si bien diverti avec des chats, sans avoir d’autre compagnie.

Il est vrai que Chatte Blanche avait l’esprit agréable, liant, et presque universel. Elle était