déclarer le sujet de sa tristesse ; et après des peines extrêmes, elle lui apprit tout ce qui s’était passé entre les fées et elle, et comme elle leur avait promis la fille qu’elle devait avoir. Quoi ! s’écria le roi, nous n’avons point d’enfans, vous savez à quel point j’en désire, et pour manger deux ou trois pommes, vous avez été capable de promettre votre fille ? Il faut que vous n’ayez aucune amitié pour moi. Là-dessus il l’accabla de mille reproches, dont ma pauvre mère pensa mourir de douleur ; mais il ne se contenta pas de cela, il la fit enfermer dans une tour, et mit des gardes de tous côtés, pour empêcher qu’elle n’eût commerce avec qui que ce fût au monde, que les officiers qui la servaient ; encore changea-t-il ceux qui avaient été avec elle au château des fées.
» La mauvaise intelligence du roi et de la reine jeta la cour dans une consternation infinie. Chacun quitta ses riches habits, pour en prendre de conformes à la douleur générale. Le roi, de son côté, paraissait inexorable, il ne voyait plus sa femme ; et sitôt que je fus née, il me fit apporter dans son palais pour y être nourrie pendant qu’elle restait prisonnière et fort malheureuse. Les fées n’ignoraient rien de ce qui se passait ; elles s’en irritèrent, elles voulaient m’avoir, elles me regardaient comme leur bien, et que c’était leur faire un vol que de me retenir. Avant que de chercher une vengeance proportionnée à leur chagrin, elles envoyèrent une célèbre ambassade au roi, pour l’avertir de met-