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LA BELLE

pour l’écouter, malgré ceux qui étaient avec lui, qui haïssaient Avenant, et qui disaient au roi : « À quoi vous amusez-vous, sire ? ne savez-vous pas que c’est un fripon ? » Le roi répondit : « Laissez-moi, je veux l’écouter. » Ayant ouï ses plaintes, les larmes lui en vinrent aux yeux ; il fit ouvrir la porte de la tour, et l’appela. Avenant vint tout triste se mettre à genoux devant lui, et baisa ses pieds : « Que vous ai-je fait, sire, lui dit-il, pour me traiter si rudement ? — Tu t’es moqué de moi et de mon ambassadeur, dit le roi. Tu as dit que si je t’avais envoyé chez la Belle aux Cheveux d’Or, tu l’aurais bien aménée. — Il est vrai, sire, répondit Avenant, que je lui aurais si bien fait connaître vos grandes qualités, que je suis persuadé qu’elle n’aurait pu s’en défendre, et en cela je n’ai rien dit qui ne vous dût être agréable. » Le roi trouva qu’effectivement il n’avait point de tort ; il regarda de travers ceux qui lui avaient dit du mal de son favori, et il l’emmena avec lui, se repentant bien de la peine qu’il lui avait faite.

Après l’avoir fait souper à merveille, il l’appela dans son cabinet, et lui dit : « Avenant, j’aime toujours la Belle aux Cheveux d’Or ; ses refus ne m’ont point rebuté ; mais je ne sais comment m’y prendre pour qu’elle veuille m’épouser : j’ai envie de t’y envoyer pour voir si tu pourras réussir. » Avenant répliqua qu’il était disposé de lui obéir en toutes choses, qu’il partirait dès le lendemain. « Ah ça, dit le roi,