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Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/52

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LA BELLE

mença à se réjouir et se laissa couler jusqu’au fond ; puis revenant toute gaillarde au bord de la rivière : « Avenant, dit-elle, je vous remercie du plaisir que vous venez de me faire : sans vous je serais morte, et vous m’avez sauvée : je vous le revaudrai. » Après ce petit compliment, elle s’enfonça dans l’eau, et Avenant demeura bien surpris de l’esprit et de la grande civilité de la carpe.

Un autre jour qu’il continuait son voyage, il vit un corbeau bien embarrassé : ce pauvre oiseau était poursuivi par un gros aigle (grand mangeur de corbeaux), il était près de l’attraper, et il l’aurait avalé comme une lentille, si Avenant n’eût eu compassion du malheur de cet oiseau. « Voilà, dit-il, comme les plus forts oppriment les plus faibles ; quelle raison a l’aigle de manger le corbeau ? » Il prend son arc qu’il portait toujours, et une flèche, puis mirant bien l’aigle, croc, il lui décoche la flèche dans le corps, et le perce de part en part ; il tombe morț, et le corbeau ravi vint se percher sur un arbre : « Avenant, lui dit-il, vous êtes bien généreux de m’avoir secouru, moi qui ne suis qu’un misérable corbeau ; mais je n’en demeurerai point ingrat, je vous le revaudrai. »

Avenant admira le bon esprit du corbeau, et continua son chemin. Un jour, en entrant dans un grand bois, si matin qu’il ne voyait qu’à peine à se conduire, il entendit un hibou qui criait en désespéré. « Ah ! dit-il, voilà un