Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/586

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Quand le roi fut prêt à dîner, on vit descendre par la cheminée une table avec sept couverts d’or, et tout ce qu’on peut imaginer de plus délicat pour faire un bon repas. Cependant le roi hésitait à manger ; il craignait que l’on n’eût accommodé les viandes au sabbat ; et cette manière de servir par la cheminée lui était un peu suspecte.

Le buffet s’arrangea, l’on ne voyait que bassins et que vases d’or, dont le travail surpassait la matière. En même temps un essaim de mouches à miel parut dans des ruches de cristal, et commença la plus charmante musique qui se puisse imaginer. Toute la salle était pleine de frelons, de mouches, de guêpes, de moucherons et d’autres bestiolinettes de cette espèce, qui servaient le roi avec une adresse surnaturelle. Trois ou quatre mille bibets lui apportaient à boire sans qu’un seul osât se noyer dans le vin, ce qui est d’une modération et d’une discipline étonnantes. La princesse et ses filles pénétraient assez que tout ce qui se passait ne pouvait s’attribuer qu’à la petite vieille, elles bénissaient l’heure qu’elles l’avaient connue.

Après le repas, qui fut si long que la nuit surprit la compagnie à table, dont Sa Majesté ne laissa pas d’avoir un peu de honte, car il semblait que dans cet hymen, Bacchus avait pris la place de Cupidon, le roi se leva et dit : « Achevons la fête par où elle devait commencer. » Il tira sa bague de son doigt, et la mit dans celui de Blondine. Le prince et l’amiral l’imitèrent. Les abeilles redoublèrent leurs chants. L’on dansa, l’on se réjouit : et tous ceux qui avaient suivi le roi vinrent saluer la