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AUX CHEVEUX D’OR.

me chasser, et vous le tuerez. » Avenant admirait l’esprit du petit chien ; mais il savait assez que son secours ne suffirait pas.

Enfin il arriva proche du château de Galifron ; tous les chemins étaient couverts d’os et de carcasses d’hommes qu’il avait mangés ou mis en pièces. Il ne l’attendit pas long-temps, qu’il le vit venir à travers d’un bois ; sa tête passait les plus grands arbres, et il chantait d’une voix épouvantable :


Où sont les petits enfans,
Que je les croque à belles dents ?
Il m’en faut tant, tant et tant,
Que le monde n’est suffisant.


Aussitôt Avenant se mit à chanter sur le même air.


Approche, voici Avenant,
Qui t’arrachera les dents :
Bien qu’il ne soit pas des plus grands,
Pour te battre il est suffisant.


Les rimes n’étaient pas bien régulières, mais il fit la chanson fort vite, et c’est même un miracle comme il ne la fit pas plus mal, car il avait horriblement peur. Quand Galifron en tendit ces paroles, il regarda de tous côtés et il aperçut Avenant, l’épée à la main, qui lui dit deux ou trois injures pour l’irriter. Il n’en fallut pas tant, il se mit dans une colère effroyable ; et prenant une massue toute de fer, il aurait assommé du premier couple gentil Avenant, sans un corbeau qui vint se mettre sur le haut de sa tête, et avec son