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LA BELLE

s’assit pour se reposer un peu, et il laissa paitre son cheval et courir Cabriole après des mouches ; il savait que la grotte ténébreuse n’était pas loin de là, il regardait s’il ne la verrait point ; enfin, il aperçut un vilain rocher noir comme de l’encre, d’où sortait une grosse fumée, et au bout d’un moment un des dragons qui jetait du feu par les yeux et par la gueule ; il avait le corps jaune et vert, des griffes et une longue queue qui faisait plus de cent tours : Cabriole vit tout cela, il ne savait où se cacher, tant il avait de peur.

Avenant, tout résolu de mourir, tira son épée, et descendit avec une fiole que la Belle aux Cheveux d’Or lui avait donnée pour la remplir de l’eau de Beauté. Il dit à son petit chien Cabriole : « C’est fait de moi, je ne pourrai jamais avoir de cette eau qui est gardée par les dragons : quand je serai mort remplis la fiole de mon sang, et la porte à la princesse, pour qu’elle voie ce qu’elle me coûte ; et puis va trouver le roi mon maître, et lui conte mon malheur. » Comme il parlait ainsi, il entendit qu’on l’appelait, Avenant, Avenant ! il dit : « Qui m’appelle ? » Et il vit un hibou dans le trou d’un vieux arbre, qui lui dit : « Vous m’avez retiré du filet des chasseurs où j’étais pris, et vous me sauvâtes la vie ; je vous promis que je vous le revaudrais, en voici le temps. Donnez-moi votre fiole ; je sais tous les chemins de la grotte ténébreuse, je vais vous querir l’eau de Beauté. » Dame,