Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/635

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gloire ? Ne me suffisait-il pas de penser et de parler assez bien pour ne faire et ne dire rien d’impertinent ? Je serai punie de mon orgueil, si je perds ce que j’aime : hélas ! continuait-elle, peut-être que les dieux, irrités des sentiments que je ne puis me défendre d’avoir pour Chéri, veulent me l’ôter par une fin tragique. »

Il n’y avait rien que son cœur affligé n’imaginât, quand au milieu de la nuit, elle entendit une musique si merveilleuse, qu’elle ne put s’empêcher de se lever et de se mettre à sa fenêtre pour l’écouter mieux, elle ne savait que s’imaginer. Tantôt elle croyait que c’était Apollon et les Muses, tantôt Vénus, les Grâces et les Amours, la symphonie s’approchait toujours, et toujours Belle Étoile écoutait.

Enfin le prince arriva ; il faisait un grand clair de lune ; il s’arrêta sous le balcon de la princesse, qui s’était retirée, quand elle aperçut de loin un cavalier ; la Pomme chanta aussitôt :

Réveillez-vous belle endormie.

La princesse curieuse regarda promptement qui pouvait chanter si bien, et reconnaissant son cher frère, elle pensa se précipiter de sa fenêtre en bas pour être plus tôt auprès de lui ; elle parla si haut que tout le monde s’étant éveillé, l’on vint ouvrir la porte à Chéri. Il entra avec un empressement que l’on peut assez se figurer. Il tenait dans sa main la branche d’ambre, au bout de laquelle était le merveilleux fruit, et comme il l’avait senti souvent, son