Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/643

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en avertit la reine mère, et lui promit plus fortement que jamais de perdre toute cette infortunée famille : en effet Heureux eut une aventure semblable à Chéri et Petit Soleil ; il trouva le rocher ; il vit le bel Oiseau ; et il tomba comme une statue dans la salle, où il reconnut les princes qu’il cherchait sans pouvoir leur parler ; ils étaient tous arrangés dans des niches de cristal ; ils ne dormaient jamais, ne mangeaient point, et restaient enchantés d’une manière bien triste, car ils avaient seulement la liberté de rêver, et de déplorer leur aventure.

Belle Étoile inconsolable, ne voyant revenir aucun de ses frères, se reprocha d’avoir tardé si longtemps à les suivre. Sans hésiter davantage, elle donna ordre à tous ses gens de l’attendre six mois : mais que si ses frères ou elle ne revenaient pas dans ce temps, ils retournassent apprendre leur mort au corsaire et à sa femme : ensuite elle prit un habit d’homme, trouvant qu’il y avait moins à risquer pour elle ainsi travestie dans son voyage, que si elle était allée en aventurière courir le monde. Feintise la vit partir dessus son beau cheval ; elle se trouva alors comblée de joie, et courut au palais régaler la reine mère de cette bonne nouvelle.

La princesse s’était armée seulement d’un casque dont elle ne levait presque jamais la visière,