Aller au contenu

Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

L’OISEAU

BLEU.


CONTE.



Il était une fois un roi fort riche en terres et en argent ; sa femme mourut, il en fut inconsolable. Il s’enferma huit jours entiers dans un petit cabinet, où il se cassait la tête contre les murs, tant il était affligé. On craignait qu’il ne se tuât : on mit des matelas entre la tapisserie et la muraille ; de sorte qu’il avait beau se frapper, il ne se faisait plus de mal. Tous ses sujets résolurent entr’eux de l’aller voir, et de lui dire ce qu’ils pourraient de plus propre à soulager sa tristesse. Les uns préparaient des discours graves et sérieux, d’autres d’agréables, et même de réjouissans, mais cela ne faisait aucune impression sur son esprit, à peine entendait-il ce qu’on lui disait. Enfin il se présenta devant lui une femme si couverte de crêpes noirs, de voiles, de mantes, de longs habits de deuil et qui pleurait et sanglottait si fort et si haut, qu’il en demeura surpris. Elle lui dit qu’elle n’entreprendrait point comme les autres de diminuer sa douleur, qu’elle venait pour l’augmenter, parce que rien n’était plus juste que de pleurer une bonne femme ; que pour