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L’OISEAU

d’un arbre, avait été tout le jour occupé à penser à sa belle princesse. « Que je suis content, disait-il, de l’avoir retrouvée ! qu’elle est engageante ? que je sens vivement les bontés qu’elle me témoigne ! » Ce tendre amant comptait jusqu’aux moindres momens de la pénitence qui l’empêchait de l’épouser, et jamais l’on n’en a désiré la fin avec plus de passion. Comme il voulait faire à Florine toutes les galanteries dont il était capable, il vola jusqu’à la ville capitale de son royaume : il fut à son palais, il entra dans son cabinet par une vitre qui était cassée ; il prit des pendans d’oreilles de diamans, si parfaits et si beaux, qu’il n’y en avait point au monde qui en approchassent : il les apporta le soir à Florine, et la pria de s’en parer. « J’y consentirais, lui dit elle, si vous me voyiez le jour ; mais puisque je ne vous parle que la nuit, je ne les mettrai pas. » L’oiseau lui promit de prendre si bien son temps, qu’il viendrait à la tour à l’heure qu’elle voudrait : aussitôt elle mit les pendans d’oreilles, et la nuit se passa comme s’était passée l’autre.

Le lendemain l’Oiseau Bleu retourna dans son royaume, il fut à son palais ; il entra dans son cabinet par la vitre rompue, et il en apporta les plus riches bracelets que l’on eût encore vus : ils étaient d’une seule émeraude taillés en facettes, creusés par le milieu, pour y passer la main et le bras. « Pensez-vous, lui dit la princesse, que mes sentimens pour vous aient besoin d’être cultivés par des pré-