nous suffisait. Que va-t-il faire ? Que ferai-je moi-même ? » En pensant à toutes ces choses, elle versait des ruisseaux de larmes.
Elle n’osait plus se mettre à la petite fenêtre, quoiqu’elle l’entendit voltiger autour. Elle mourait d’envie de lui ouvrir ; mais elle craignait d’exposer la vie de ce cher amant. Elle passa un mois entier sans paraître ; l’Oiseau Bleu se désespérait. Quelles plaintes ne faisait-il pas ? Comment vivre sans voir sa princesse ? Il n’avait jamais mieux ressenti les maux de l’absence et ceux de sa métamorphose : il cherchait inutilement des remèdes à l’un et à l’autre : après s’être creusé la tête, il ne trouvait rien qui le soulageât.
L’espionne de la princesse, qui veillait jour et nuit depuis un mois, se sentit si accablée de sommeil, qu’enfin elle s’endormit profondément. Florine s’en aperçut ; elle ouvrit sa petite fenêtre, et dit :
Oiseau Bleu, couleur du temps,
Vole à moi promptement.
Ce sont-là ses propres paroles, auxquelles l’on n’a voulu rien changer. L’Oiseau les entendit si bien, qu’il vint promptement sur la fenêtre. Quelle joie de se revoir ! Qu’ils avaient de choses à se dire ! Les amitiés et les protestations de fidélité se renouvelèrent mille et mille fois : la princesse n’ayant pu s’empêcher de répandre des larmes, son amant s’attendrit beaucoup, et la consola de son mieux. Enfin l’heure de se quitter étant venue, sans que la