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La princesse

accablé de douleur, demeura un an entier dans ſon Palais : il attendoit toûjours des nouvelles de ſon fils, & les attendoit inutilement. Celuy qui l’emportoit marcha toute la nuit ſans s’arreter ; lorſque l’aurore commença de paroiſtre, il ouvrit la corbeille ; & cet aimable enfant luy ſourit, comme il avoit accoûtumé de faire à la Reine quand elle le prenoit entre ſes bras. O pauvre petit Prince, dit-il, que ta deſtinée eſt malheureuſe : helas ! tu ſerviras de paſture, comme un tendre agneau à quelque lyon affamé : pourquoy le Boſſu m’a-t’il choiſi pour aider à te perdre ? Il referma la corbeille, afin de ne plus voir un objet ſi digne de pitié ; mais l’enfant qui avoit