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FINETTE CENDRON

fermait les yeux, et ne dormait pas. Si j’étais une méchante fille, disait-elle, je m’en irais tout à l’heure, et je laisserais mourir mes sœurs ici, car elles me battent et m’égratignent jusqu’au sang ; malgré toutes leurs malices, je ne les veux pas abandonner.

Elle les réveille, et leur conte toute l’histoire. Elles se mettent à pleurer et la prient de les mener avec elle, qu’elles lui donneront leurs belles poupées, leur petit ménage d’argent, leurs autres jouets et leurs bonbons. — Je sais assez que vous n’en ferez rien, dit Finette, mais je n’en serai pas moins bonne sœur. » Et, se levant, elle suivit son fil, et les princesses aussi ; de sorte qu’elles arrivèrent presque aussitôt que la reine.

En s’arrêtant à la porte, elles entendirent que le roi disait : J’ai le cœur tout saisi de vous voir revenir seule. — Bon, dit la reine, nous étions trop embarrassés de nos filles. — Encore, dit le roi, si vous aviez ramené ma Finette, je me consolerais des autres, car elles n’aiment rien.

Elles frappèrent. Toc, toc. Le roi dit : « Qui va là ? » Elles répondirent : Ce sont vos trois filles, Fleur-d’Amour, Belle-de-Nuit, et Fine-Oreille.

La reine se mit à trembler : N’ouvrez pas, disait-elle, il faut que ce soit des esprits, car il est impossible qu’elles puissent être revenues. Le roi était aussi poltron que sa femme, et il disait : Vous me trompez, vous n’êtes point mes filles. Mais Fine-Oreille, qui était adroite, lui dit : Mon papa, je vais me baisser, regardez-moi par le trou du chat, et si je ne suis pas Finette, je consens d’avoir