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FINETTE CENDRON.

sa robe était de satin bleu, toute couverte d’étoiles et de diamants ; elle avait un soleil sur la tête, une pleine lune sur le dos, tout cela brillait si fort, qu’on ne la pouvait regarder sans clignoter les yeux. Quand elle ouvrit la porte pour sortir, elle resta bien étonnée de trouver le joli cheval d’Espagne qui l’avait portée chez sa marraine : elle le caressa et lui dit : Sois le bienvenu, mon petit dada ; je suis obligée à ma marraine Merluche. Il se baissa, elle s’assit dessus comme une nymphe : il était tout couvert de sonnettes d’or et de rubans ; sa housse et sa bride n’avaient point de prix ; et Finette était trente fois plus belle que la belle Hélène.

Le cheval d’Espagne allait légèrement, les sonnettes faisaient din, din, din ; Fleur-d’Amour et Belle-de-Nuit les ayant entendues, se retournèrent et la virent venir ; mais dans ce moment quelle fut leur surprise ! elles la reconnurent pour être Finette Cendron. Elles étaient fort crottées, leurs beaux habits étaient couverts de boue : Ma sœur, s’écria Fleur-d’Amour, en parlant à Belle-de-Nuit, je vous proteste que voici Finette Cendron. L’autre s’écria tout de même ; et Finette passant près d’elles, son cheval les éclaboussa, et leur fit un masque de crotte ; elle se prit à rire, et leur dit : Altesses, Cendron vous méprise autant que vous le méritez. Puis passant comme un trait, la voilà partie.

Belle-de-Nuit et Fleur-d’Amour s’entre-regardèrent. Est-ce que nous rêvons ? disaient-elles ; qui est-ce qui peut avoir fourni des habits et un cheval à Finette ? Quelle merveille ! le bonheur lui en veut : elle va chaus-