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LA PRINCESSE ROSETTE.

un trône d’or et de diamants, avec une belle couronne sur sa tête, et des habits de velours violet, chamarrés de soleils et de lunes, et puis toute la cour cria trois fois : Vive le roi. L’on ne songea plus qu’à se réjouir.

Le roi et son frère s’entre-dirent : À présent que nous sommes les maîtres, il faut retirer notre sœur de la tour, où elle s’ennuie depuis longtemps. Ils n’eurent qu’à traverser le jardin pour aller à la tour qui était bâtie au coin, toute la plus haute que l’on avait pu ; car le roi et la reine défunts voulaient qu’elle y demeurât toujours. Rosette brodait une belle robe sur un métier qui était là devant elle ; mais quand elle vit ses frères, elle se leva, et fut prendre la main du roi, lui disant : Bonjour, sire, à présent vous êtes roi, et moi votre petite servante ; je vous prie de me retirer de la tour, où je m’ennuie bien fort. Et là-dessus elle se mit à pleurer. Le roi l’embrassa, et lui dit de ne point pleurer ; qu’il venait pour l’ôter de la tour, et la mener dans un beau château. Le prince avait tout plein ses poches de dragées, qu’il donna à Rosette : Allons, lui dit-il, sortons de cette vilaine tour, le roi te mariera bientôt, ne t’afflige point.

Quand Rosette vit le beau jardin tout rempli de fleurs, de fruits, de fontaines, elle demeura si étonnée, qu’elle ne pouvait pas dire un mot, car elle n’avait encore jamais rien vu. Elle regardait de tous côtés, elle marchait, elle s’arrêtait, elle cueillait des fruits sur les arbres, et des fleurs dans le parterre ; son petit chien, appelé Frétillon, qui était vert comme un perroquet, qui n’avait qu’une oreille, et qui dansait à ravir, allait devant elle, fai-