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LA PRINCESSE ROSETTE.

qui sortait de son château dans un beau petit carrosse d’or et de diamants, que douze paons menaient à toute bride. Ce roi des paons était si beau, si beau, que le roi et le prince en furent charmés ; il avait de longs cheveux blonds et frisés, le visage blanc, une couronne de queue de paons. Quand il les vit, il jugea que puisqu’ils avaient des habits d’une autre façon que les gens du pays, il fallait qu’ils fussent étrangers ; et pour le savoir, il arrêta son carrosse, et les fit appeler.

Le roi et le prince vinrent à lui ; ayant fait la révérence, ils lui dirent ; Sire, nous venons de bien loin pour vous montrer un beau portrait. Ils tirèrent de leur valise le grand portrait de Rosette. Lorsque le roi des paons l’eut bien regardé : Je ne peux croire, dit-il, qu’il y ait au monde une si belle fille. — Elle est encore cent fois plus belle, dit le roi. — Ah ! vous vous moquez, répliqua le roi des paons. — Sire, dit le prince, voilà mon frère qui est roi comme vous, il s’appelle le roi, et moi je me nomme le prince ; notre sœur, dont voici le portrait, est la princesse Rosette : nous vous venons demander si vous la voulez épouser ; elle est belle et bien sage, et nous lui donnerons un boisseau d’écus d’or. — Oui-dà, dit le roi, je l’épouserai de bon cœur ; elle ne manquera de rien avec moi, je l’aimerai beaucoup ; mais je vous assure que je veux qu’elle soit aussi belle que son portrait, et que s’il s’en manque la moindre petite chose, je vous ferai mourir. — Hé bien ! nous y consentons, dirent les deux frères de Rosette. — Yous y consentez, ajouta le roi ? Allez donc en prison, et vous y tenez jusqu’à ce que la princesse soit arrivée. Les