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LA PRINCESSE ROSETTE.

prendre, et lier de grosses cordes, et Frétillon aussi.

Quand ils furent arrivés, on l’alla dire au roi, qui répondit : C’est demain qu’expire le septième jour que j’ai accordé à ces affronteurs ; je les ferai mourir avec les voleurs de mon dîner. Puis il entra dans sa salle de justice. Le vieillard se mit à genoux, et dit qu’il allait lui conter tout. Pendant qu’il parlait, le roi regardait la belle princesse, et il avait pitié de la voir pleurer ; puis quand le bonhomme eut déclaré que c’était elle qui se nommait la princesse Rosette ; qu’on avait jetée dans la mer, malgré la faiblesse où il était d’avoir été si longtemps sans manger, il fit trois sauts tout de suite, et courut l’embrasser, et lui détacher les cordes dont elle était liée, lui disant qu’il l’aimait de tout son cœur.

On fut en même temps querir les princes, qui croyaient que c’était pour les faire mourir, et qui venaient fort tristes, baissant la tête : l’on alla de même querir la nourrice et sa fille. Quand ils se virent, ils se reconnurent tous ; Rosette sauta au cou de ses frères : la nourrice et sa fille avec le batelier se jetèrent à genoux, et demandèrent grâce. La joie était si grande, que le roi leur pardonna, et le bon vieillard fut récompensé largement. Il demeura toujours dans le palais.

Enfin le roi des paons fit toutes sortes de satisfactions au roi et à son frère, témoignant sa douleur de les avoir maltraités. La nourrice rendit à Rosette ses beaux habits et son boisseau d’écus d’or ; et la noce dura quinze jours. Tout fut content, jusqu’à Frétillon, qui ne mangeait plus que des ailes de perdrix.