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Page:Aulnoy - Les contes choisis, 1847.djvu/187

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L’OISEAU BLEU.

veux noirs étaient si gras et si crasseux que l’on n’y pouvait toucher, et sa peau jaune distillait de l’huile. La reine ne laissait pas de l’aimer à la folie, elle ne parlait que de la charmante Truitonne ; et comme Florine avait toutes sortes d’avantages au-dessus d’elle, la reine s’en désespérait ; elle cherchait tous les moyens possibles de la mettre mal auprès du roi. La princesse, qui était douce et spirituelle, tâchait de se mettre au-dessus de ce mauvais procédé.

Le roi dit un jour à la reine, que Florine et Truitonne étaient assez grandes pour être mariées, et que le premier prince qui viendrait à la cour, il fallait faire en sorte de lui en donner une des deux. Je prétends, répliqua la reine, que ma fille soit la première établie ; elle est plus âgée que la vôtre, et comme elle est mille fois plus aimable, il n’y a pas à balancer là-dessus. Le roi lui dit qu’il le voulait bien et qu’il l’en laissait la maîtresse.

Après quelque temps l’on apprit que le roi Charmant devait arriver. Jamais prince n’a porté plus loin la magni-