Page:Aulnoy - Les contes choisis, 1847.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
LA CHATTE BLANCHE.

moi, mes chers enfants, que mon grand âge ne permet pas que je m’applique aux affaires de mon état avec autant de soin que je le faisais autrefois : je crains que mes sujets n’en souffrent, je veux mettre ma couronne sur la tête d’un de vous autres ; mais il est bien juste que, pour un tel présent, vous cherchiez les moyens de me plaire, dans le dessein que j’ai de me retirer à la campagne. Il me semble qu’un petit chien adroit, joli et fidèle, me tiendrait bonne compagnie ; de sorte que sans choisir mon fils aîné, plutôt que mon cadet, je vous déclare que celui des trois qui m’apportera le plus beau petit chien sera aussitôt mon héritier. Ces princes demeurèrent surpris de l’inclination de leur père pour un petit chien, mais les deux cadets y pouvaient trouver leur compte, et ils acceptèrent avec plaisir la commission d’aller en chercher un ; l’aîné était trop timide ou trop respectueux pour représenter ses droits. Ils prirent congé du roi, il leur donna de l’argent et des pierreries, ajoutant que dans un an, sans y manquer, ils revinssent au même jour et à la même heure lui apporter leurs petits chiens.

Avant de partir, ils allèrent dans un château qui n’était qu’à une lieue de la ville. Ils firent de grands festins, se promirent une amitié éternelle ; enfin ils partirent, réglant qu’ils se trouveraient à leur retour dans le même château, pour aller ensemble chez le roi ; ils ne voulurent être suivis de personne, et changèrent leurs noms pour n’être pas connus.

Chacun prit une route différente ; les deux aînés eurent beaucoup d’aventures ; mais je ne m’attache qu’à celles