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Page:Aulnoy - Les contes choisis, 1847.djvu/240

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LA CHATTE BLANCHE.

et de diamants. Chatte blanche montait un singe, le plus beau et le plus superbe qui se soit encore vu ; elle avait quitté son grand voile, et portait un bonnet à la dragonne, qui lui donnait un petit air și résolu, que toutes les souris du voisinage en avaient peur. Il ne s’est jamais fait une chasse plus agréable ; les chats couraient plus vite que les lapins et les lièvres ; de sorte que lorsqu’ils en prenaient, Chatte blanche faisait faire la curée devant elle, et il s’y passait mille tours d’adresse très réjouissants ; les oiseaux n’étaient pas de leur côté trop en sûreté, car les chatons grimpaient aux arbres, et le maître singe portait Chatte blanche jusque dans le nid des aigles, pour disposer à sa volonté des petites altesses aiglonnes.

La chasse étant finie, on revint au château.

Le prince avait oublié jusqu’à son pays. Les mains dont j’ai parlé continuaient de le servir. Il regrettait quelquefois de n’être pas chat, pour passer sa vie dans cette bonne compagnie. Hélas ! disait-il à Chatte Blanche, que j’aurai de douleur de vous quitter ; je vous aime si chèrement !

Une année s’écoule bien vite quand on n’a ni souci ni peine. Chatte blanche savait le temps où il devait retourner, et comme il n’y pensait plus, elle l’en fit souvenir. Sais-tu, dit-elle, que tu n’as que trois jours pour chercher. le petit chien que le roi ton père souhaite, et que tes frères en ont trouvé de fort beaux ? Le prince revint à lui, et s’étonnant de sa négligence : Par quel charme secret, s’écria-t-il, ai-je oublié la chose du monde qui m’est la plus importante ? Il y va de ma gloire et de ma fortune. Où