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LA CHATTE BLANCHE.

mon mari, je m’offrirais d’y demeurer aussi ; c’est pourquoi vous ne devez point craindre que je rétracte ma parole. Les fées, très contentes, lui ouvrirent tous leurs jardins ; elle y resta trois jours et trois nuits sans en vouloir sortir, tant elle les trouvait délicieux. Elle cueillit des fruits pour sa provision ; et comme ils ne se gâtent jamais, elle en fit charger quatre mille mulets, qu’elle emmena.

Le roi fut ravi du retour de la reine, toute la cour lui en témoigna sa joie ; ce n’étaient que bals, mascarades et festins, où les fruits de la reine étaient servis comme un régal délicieux. Le roi les mangeait préférablement à tout ce qu’on pouvait lui présenter. Il ne savait point le traité qu’elle avait fait avec les fées, et souvent il lui demandait en quel pays elle était allée pour en rapporter d’aussi bonnes choses ; elle lui répondait qu’ils se trouvaient sur une montagne presque inaccessible ; une autre fois qu’ils venaient dans des vallons, puis au milieu d’un jardin ou dans une grande forêt : Le roi demeurait surpris de tant de contrariétés. Il questionnait ceux qui l’avaient accompagnée ; mais elle leur avait tant défendu de conter à personne son aventure ; qu’ils n’osaient en parler. Enfin la reine, inquiète de ce qu’elle avait promis aux fées ; tomba dans une mélancolle affreuse ; elle soupirait à tout moment, et changeait à vue d’œil : Le roi s’inquiéta ; il pressa la reine de lui déclarer le sujet de sa tristesse ; et après des peines extrêmes, elle lui apprit tout ce qui s’était passé entre les fées et elle, et comme elle leur avait promis la fille qu’elle devait avoir. Quoi ! s’écria le roi, nous n’a-