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LA CHATTE BLANCHE.

oreilles passaient d’une coudée au-dessus de sa tête ; mais on s’en apercevait peu, à cause d’une haute couronne pointue qu’il portait pour paraître plus grand. La flamme de son chariot rôtit les fruits, sécha les fleurs, et tarit les fontaines de mon jardin. Il vint à moi, les bras ouverts pour m’embrasser, je me tins fort droite, il fallut que son premier écuyer le haussât ; mais aussitôt qu’il s’approcha, je m’enfuis dans ma chambre, dont je fermai la porte et les fenêtres, de sorte que Migonnet se retira chez les fées, très indigné contre moi.

Elles lui demandèrent mille fois pardon de ma brusquerie, et pour l’apaiser, car il était redoutable, elles résolurent de l’amener la nuit dans ma chambre pendant que je serais au lit, de m’attacher les pieds et les mains pour me mettre avec lui dans son brûlant chariot.


La chose ainsi arrêtée, elles me grondèrent à peine des brusqueries que j’avais faites, et me quittèrent. — Savez-vous bien, ma maîtresse, dit mon chien, que le cœur ne m’annonce rien