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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE III


ils négligent les autres travaux et tous les exercices qui peuvent entretenir les forces de l'homme ; la plupart du temps renfermés chez eux, ils se livrent à des trafics et à des opérations sédentaires qui leur enlèvent la vigueur du corps et de l'âme, et les énervent, comme dit Salluste. »

Alors Favorinus fait lire de nouveau le passage de Salluste. Après cette lecture : « Mais que dire, reprend-il alors, quand nous voyons beaucoup d'hommes très avides d'argent, conserver cependant une santé robuste? — Ton objection est juste, reprend le premier; cependant je dirai que si l'avare conserve une bonne santé, il faut nécessairement qu'il se livre à certains exercices pour satisfaire d'autres penchants qui l'invitent à prendre soin de son corps; car si l'avarice seule, s'emparant de toutes les affections, de toutes les facultés de l'homme, le pousse jusqu'à l'oubli de son propre corps, au point de lui faire abandonner les soins que réclament et ses propres forces et la nature, on peut dire avec raison que la soif de l'argent énerve le corps et l'âme de celui qu'elle dévore. — Ton opinion, dit Favorinus, est admissible, ou Salluste, par haine de l'avarice, en a exagéré la puissance. »