Page:Aulu-Gelle - Œuvres complètes, éd. Charpentier et Blanchet, 1919, I.djvu/318

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et vers la fin du. repas, on commençait à discuter. Les sujets que l'on traitait n'étaient ni bien graves ni bien sérieux; c'étaient des questions, E v0vj:/.r;u.aTa, fines et amusantes, propres à stimuler les esprits déjà égayés par les vapeurs du vin. Voici, par exemple, en quoi consistaient assez ordinairement ces subtilités divertis- santes. On demanda un jour : quand peut-on dire qu'un homme meurt? est-ce lorsqu'il a rendu le dernier soupir, ou lorsqu'il vit encore ? Quand peut-on dire que quelqu'un se lève? est-ce lorsqu'il est déjà levé, ou lorsqu'il est encore assis ? Quand peut- on dire qu'un homme qui apprend un état est ouvrier ? est-ce pendant ou après l'apprentissage ? De quelque manière que l'on réponde, la réponse est absurde et ridicule; elle le sera bien da- vantage encore si Ton admet que la chose puisse se faire dans les deux cas, ou si l'on nie qu'elle ait lieu dans l'un ou dans l'autre. Quelques-uns de nous s'étant avisés de dire que c'étaient des subtilités futiles et inutiles, des pièges de sophistes : « Gardez- vous bien, répliqua Taurus, de dédaigner ces questions comme des puérilités sans but utile ; les philosophes les plus graves les ont traitées avec la plus grande attention : les yns ont pensé que le mot mourir doit s'appliquer au moment où l'homme respire encore; d'autres, quand l'être a cessé de respirer, et que, dé^à, il appartient tout entier à la mort. Il en est de niême pour les au-