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LES NUITS ATTIQUES, LIVRE I


ami, il y a, ou à peu près, parité entre le déshonneur et le service que nous voulons rendre, alors il faut, sans hésiter, préférer le soin de notre honneur ; mais si l’intérêt de notre ami l’emporte et que notre réputation ait peu à souffrir, sacrifions notre honneur à la cause de notre ami.

Ainsi une masse d’airain a plus de prix qu’une légère feuille d’or.

Voici les paroles de Théophraste : « Je ne sais pas s’il y a ici quelque chose de préférable absolument, et si l’un des deux objets de comparaison, pris dans une proportion quelconque, doit l’emporter sur l’autre. Par exemple, on ne peut pas dire d’une manière absolue que l’or est plus précieux que l’airain ; car une quantité quelconque d’or ne devra pas toujours être préférée à une quantité déterminée d’airain. L’estimation devra dépendre du volume et du poids. »

Le philosophe Favorinus autorisant aussi, d’après les circonstances, l’indulgence que l’on peut avoir pour l’amitié, et adoucissant un peu la rigueur inflexible de la justice, s’exprime ainsi : « Ce que les hommes appellent obligeance n’est autre chose qu’une légère infraction à la loi, lorsque les circonstances l’exigent. » Le même Théophraste ajoute ensuite que l’appréciation du plus ou du moins en pareil cas et, en général, l’examen de ces questions de conduite dépendent de motifs extérieurs très