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Page:Aunet - Une vengeance (1860).djvu/56

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L’AVEU.

nage. J’ai entendu dire à notre mère que ; lorsqu’elle épousa notre père, elle n’avait pas d’amour pour lui, et cependant…

— Ah ! notre mère, interrompit Marietta avec amertume, notre mère n’avait pas du moins un cœur déchiré comme le mien !

Lorenzo tressaillit à cette exclamation.

« Que veux-tu dire ? » s’écria-f-il vivement en saisissant le bras de sa sœur et en la regardant avec des yeux étincelants.

La pauvre fille ne put soutenir l’expression du visage de son frère ; elle se sentit devinée, perdue, et, tout épouvantée, elle se laissa glisser sur ses genoux, cacha sa tête dans ses mains et s’écria :

« Grâce, mon frère ! »

Lorenzo ne comprit pas.

« Tu en aimes un autre ! dit-il avec colère. N’importe, tu l’oublieras ; je ne céderai pas devant un enfantillage qui peut faire le malheur de mon ami. »

Marietta pleurait, et il lui prit les mains pour la relever ; elle résista.

« Laisse-moi là, dit-elle ; ne vois-tu pas que je te demande grâce ? »

Une ombre passa sur le front de Lorenzo, une pensée odieuse traversa son esprit ; il regarda cette femme affaissée à ses pieds, et il crut lire une horrible révélation dans son attitude suppliante. Il at-