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VOYAGE D’UNE FEMME

val au galop, et en peu de minutes je me trouvai près de deux tentes et entourée d’une nuée de chiens noirs me regardant avidement ; me regardant n’est pas très-juste, regardant mon cheval serait plus exact ; ils semblaient tous fort surpris de la vue de cet animal nouveau pour eux, et ne témoignèrent pourtant pas leurs impressions par leurs aboiements, ce qui m’étonna ; on m’assura plus tard que les chiens de cette race n’aboient jamais. Ce serait un motif de plus pour en faire une race intermédiaire entre les chiens et les renards. Quelques rennes, moins hardis que les chiens, s’enfuirent à mon approche, et je pus entrer sans obstacle dans l’une des tentes.

Les tentes laponnes sont toutes construites de même façon ; en vous donnant la description de celle-ci, vous aurez une idée exacte de la configuration de toutes les autres. Ces tentes sont petites et peuvent loger tout au plus six ou huit personnes ; elles ont la forme circulaire ; leur carcasse est faite avec des montants de bois de bouleau reliés entre eux par le haut et sur lesquels est ajustée une étoffe de laine grossière, noire ou brune ; l’étoffe s’arrête avant d’atteindre le sommet des montants, pour laisser passer la fumée. À l’intérieur, une longue et forte traverse, placée environ à cinq pieds du sol, repose sur le bois de la charpente et y prend assez de solidité pour soutenir une grosse marmite de fer qui y pend par une chaîne ; au-dessous de la marmite, des pierres formant un cercle circonscrivent le foyer, et la fumée s’échappe, comme je vous l’ai dit, par l’ouverture laissée au sommet de l’habitation. Autour