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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

Ma santé était très-altérée, et je m’en inquiétais ; un hasard providentiel me fit trouver à Kautokeino le meilleur remède pour l’indisposition dont je souffrais. Cette pharmacie était une belle vache, qu’un Lapon menait de Karesuando à la colonie anglaise de Kaafiord ; je décidai l’homme à s’arrêter en lui donnant un bon prix du lait de sa vache pendant deux jours ; puis, me privant de toute autre nourriture, je me mis à boire du lait coupé par seaux ; j’en éprouvai un grand soulagement ; dès le second jour le feu de mon estomac parut s’apaiser. Je recommande cette médication pour les irritations aiguës causées par de trop grandes fatigues. Dès que je me sentis mieux, je quittai mon lit de foin et j’allai parcourir la ville.

Les maisons de Kautokeino ont de fort petites dimensions ; les étages, les subdivisions intérieures, y sont inconnus ; le plafond touche presque la tête des habitants ; il touche tout à fait à celle des étrangers. Le jour pénètre dans la maison par de petites fenêtres de deux pieds de haut, garnies de vitres épaisses et troubles comme des fonds de bouteilles ; la grande cheminée de pierres plates occupe, comme toujours, tout un pan de la muraille.

L’ameublement de ces pauvres demeures est celui des huttes d’Hammerfest : des caisses de bois pour se coucher, des peaux de renne pour s’asseoir, l’indispensable marmite de fer, et des vases de bois pour contenir le lait de renne. Dans les maisons comme sous la tente, les Lapons couchent pêle-mêle, hommes, femmes, enfants, serviteurs ; si la maison est grande et le maître riche, les rennes familiers, les