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VOYAGE D’UNE FEMME

celui de son affluent, et, sous le nom de fleuve Torneä, se jette dans la mer Baltique, entre Torneä et Haparanda

À Karesuando, le Muonio est déjà un beau fleuve, violent, rapide, et conséquemment dangereux à traverser à la nage. Heureusement pour nous, il n’en fallut pas venir à cette extrémité. Arrivé sur la rive, notre guide poussa quelques cris aigus, et aussitôt deux barques se détachèrent de Karesuando et vinrent nous chercher. Grâce à l’habileté de nos rameurs, en moins de dix minutes nous étions sur le bord opposé.

Karesuando est le chef-lieu d’une province de huit cents habitants, Lapons ou Finlandais ; les habitations ne sont pas plus nombreuses qu’à Kautokeino, et leur aspect est sale, misérable et délabré. Aucune rue dans cette métropole lapone ; les maisons sont dispersées dans la plaine au bord du fleuve ; le terrain, très-humide, coupé de nombreux ruisseaux, est partout resté inculte. Les habitants de Karesuando, comme les Lapons nomades, vivent de pêche pendant l’été et de chasse durant l’hiver. Depuis quelques années, leur chasse garnit à la fois leur garde manger et leur bourse, car ils vendent à des marchands suédois et russes les peaux des animaux tués ; ils font souvent ample butin de martres de diverses espèces, de renards à croix, de renards bleus et blancs, de loups et d’ours. Autrefois, au temps de Regnard, les Lapons chassaient avec des flèches ; aujourd’hui ils emploient de préférence les pièges, qui ne trouent pas la fourrure des animaux et ne la souillent pas de sang. Plusieurs d’entre eux ont aussi des