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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

témoignages en son pourvoir de l’affection la plus vive. Je fus extrêmement heureuse de la retrouver ; cette chienne m’était devenue fort précieuse : car, outre sa rareté, c’était assurément un excellent et intelligent animal ; en quelques jours, elle avait été dressée à obéir à toutes mes volontés.

Le dîner fini et l’hospitalité payée par un species, ce qui me fit prendre pour une princesse par mes hôtes, nous remontâmes en bateau malgré la nuit, afin d’aller coucher dans une grange située plus loin, où nous devions arriver ce jour-là afin de ne pas déranger notre itinéraire, qui avait réglé nos stations à l’avance.

Cette ferme, comme je vous l’ai dépeinte, vous donne une idée exacte des habitations des riverains du Muonio ; le lendemain de cette halte, nous étions à Kélangi, le surlendemain, à Turtula ; de cascade en cascade nous arrivâmes ensuite et sans autre incident à Kengisbruck.

Près de Kengisbruck, le Muonio reçoit la Torneä[1] et quitte son nom pour prendre celui de son tributaire ; là elle s’élargit, se calme, et ses allures deviennent plus conformes à la dignité d’un grand fleuve qui approche de son embouchure.

De belles forges ont été établies à Kengisbruck ; elles fonctionnent depuis plus de deux cents ans, et là, comme partout, l’industrie a apporté son contingent de bien-être au lieu où elle est honorée.

  1. La Torneä sort du lac Torneä-Trask, situé en Laponie. Près de Kengis, elle forme deux cataractes d’environ quarante pieds de haut. La Torneä a de quinze à dix-huit cents pieds de large, et de vingt-cinq à trente pieds de profondeur.