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VOYAGE D’UNE FEMME

templation je rentrai afin d’aller me reposer, elle avait la forme d’une couronne à fleurons aigus, posée à l’extrémité de l’horizon. Cette couronne était absolument semblable à la couronne de fer des rois lombards, dont nous voyons l’effigie sur nos pièces de monnaie de l’époque impériale, et de chacune de ces pointes jaillissaient mille rayons lumineux et mobiles.

Cette magnifique aurore boréale fut suivie d’un grand abaissement dans la température ; à peine avait-elle disparu qu’une neige épaisse commença à tomber et donna à la terre ce manteau blanc dont elle reste couverte, en Finlande, près de neuf mois de l’année.

Kengis marquera dans mon souvenir par ses admirables paysages ; le lendemain de cette belle nuit, que j’ai essayé de vous décrire, quand nous arrivâmes au bord de la Torneä pour nous embarquer, l’aurore couronnait d’une teinte rosée le sommet des sapins de la forêt ; bientôt le soleil se leva derrière les arbres, de l’autre côté du fleuve, en montant dans l’azur, son disque éclatant se doubla en se reflétant dans l’eau ; le tapis de neige des berges, les petits glaçons de la rive se teignirent de pourpre et d’or : on eût dit des pierres précieuses entourant un miroir d’argent. Jamais je ne vis plus splendide lever de soleil.

À partir de ce jour, le froid ne nous quitta plus, il rendit très-pénible la dernière partie de notre navigation. La Torneä nous offrit encore beaucoup de rapides, et les lames d’eau glacée ne nous furent pas épargnées ; malgré cet inconvénient, ma santé se