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VOYAGE D’UNE FEMME

Les Finlandais ont des habitudes d’ordre et de travail ; ils sont persévérants et industrieux ; chaque famille se suffit à elle-même, cultivant ses champs, construisant sa maison, fabriquant ses meubles, ses ustensiles et ses chaussures, tissant sa toile et son drap, et de plus instruisant ses enfants, car chez eux comme en Suède et en Norwége tous les paysans savent lire et écrire ; ils possèdent même souvent des notions élémentaires d’histoire et de géographie. Nouveau contraste avec les Lapons, qui vivent oisifs, ignorants et nomades, prenant de la peine seulement pour subvenir à leurs besoins matériels, et rentrant dans leur morne stupidité dès qu’ils les ont satisfaits. Il y aurait beaucoup à dire encore sur la Finlande, pour la bien faire connaître ; cette tâche sera sans doute entreprise un jour ; pour moi, j’ai voulu seulement par ces quelques pages vous tracer une légère esquisse de ce peuple peu connu, et j’espère vous avoir intéressé.

Je reviens à ce qui m’est personnel, et à Mattaringuy, où vous m’avez laissée.

Pour beaucoup de gens, Mattaringuy est le cœur de la Laponie ; comme là s’arrête la route qui du sud (comprenez Stockholm) monte vers le nord, les voyageurs russes et suédois ne poursuivent pas plus loin leur pérégrination, heureux de contempler sur la montagne voisine ce fameux soleil du 20 juin, qui ne quitte pas l’horizon pendant vingt-quatre heures. Du reste, pénétrer en Laponie en remontant les fleuves Muonio et Torneä, est une entreprise presque impraticable, à cause de la violence des courants et surtout des cascades, qui nécessiteraient des portages