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LETTRE IX

LA SUÈDE ORIENTALE. — LA PRUSSE.


Nous avons mis dix-neuf jours pour faire la route d’Haparanda à Stockholm, quoique nous nous soyons bien peu arrêtés : un jour à Sundswall, deux à Gèfle, un à Fahlun, voilà tout ; et nous avons été bon train avec ces petits chevaux de Suède, si laids et si vigoureux, dont je vous ai parlé. D’Haparanda à Umeä (Uméo), il y a cent trente lieues ; on les fait dans une forêt de sapins ; le premier jour, on trouve cela ennuyeux ; le second, insipide ; le troisième, insupportable. La nature, qui possède l’art souverain de faire les mêmes choses différentes entre elles, semble l’avoir oublié lorsqu’elle fit les sapins ; tous les sapins semblent être le même sapin ; à peine, le mètre à la main, trouverait-on quelques pouces de différence entre les hauteurs et les grosseurs des troncs d’arbres. Le sapin, si beau avec sa tige élancée et ses franges d’aiguilles vertes, lorsqu’on le voit au milieu des autres arbres, devient horriblement monotone si on le voit seul pendant vingt lieues ; il est maudissable au bout de cinquante. Parfois, fatiguée de ces grands rideaux vert sombre, fermant la route à droite et à gauche, je descendais de voiture et entrais sous le bois ; alors j’avais sur ma tête une voûte obscure posée sur une forêt de mâts de navires ; le