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VOYAGE D’UNE FEMME

sées en compartiments ayant chacun leur fenêtre sont parfaitement disposées pour faire valoir les tableaux. Si l’œuvre a un grand mérite, elle est fixée à un panneau mobile à charnières et se détache du mur de façon que le spectateur peut la placer sous le jour le meilleur pour l’admirer. Les galeries suivent un ordre chronologique : la peinture byzantine d’abord, puis la première manière allemande, puis enfin l’épanouissement complet de l’art : les écoles florentine, vénitienne, flamande et hollandaise.

Un Raphaël bien pâli, le portrait de la fille du Titien, et surtout deux Corréges admirables sont, je crois, les principaux joyaux du musée prussien. Les deux Corréges doivent être enviés par notre Louvre : l’un est la Léda si fameuse et tant copiée, l’autre Jupiter et Io. On estime fort à Berlin un Rembrandt, le duc de Gueldre insultant son père, qui n’est pas à la hauteur des Rembrandts de Hollande. Ajoutez à cela un Claude Lorrain, deux Tintorets, etc. Le musée est pauvre en Rubens, au point qu’on a dû y admettre des copies. Les galeries de sculpture renferment un grand nombre de belles œuvres, parmi lesquelles j’ai remarqué deux Victoires antiques, l’une grecque, l’autre romaine, d’une exécution irréprochable, les originaux de l’Adorateur et de la petite Joueuse d’osselets, et une charmante Nymphe qui rattache sa sandale. La sculpture moderne oppose à ce groupe de chefs-d’œuvre une Hébé de Canova, dont la grâce un peu froide séduit pourtant par la perfection juvénile des formes. Le musée égyptien me fut montré par un amateur antiquaire ; c’est vous dire qu’on ne m’épargna ni une amulette, ni un papyrus, ni un sarco-