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VOYAGE D’UNE FEMME AU SPITZBERG.

impossible à habiter huit jours. On y peint les maisons en rouge foncé, ce qui rappelle fâcheusement certaines boucheries de village ; les rares passants de ses rues silencieuses regardent les étrangers de l’air étonné et inquiet de gens qui n’en voient pas souvent. Helsingbord est un de ces endroits où l’on se sent vivement saisi de cette impatience particulière, connue des voyageurs, qui fait faire dix fois en une heure le trajet de la poste à l’auberge, en demandant désespérément ses chevaux d’un côté et son souper de l’autre, afin d’en finir vite avec leur plate tranquillité et leur morne insignifiance.

À propos de souper, je fis à Helsingborg ma première épreuve des supplices gastronomiques que me réservait mon voyage ; on m’y traita d’une soupe à la bière (horrible mélange de bière chaude et d’œufs), de pain au cumin complètement immangeable, et d’un fromage sans sel dont la fadeur me fit reculer : total, je ne soupai pas.

Voyager en Suède n’est pas chose simple. Ce pays se maintient dans un état assez primitif sous le rapport de la locomotion ; on n’y trouve ni malles-postes, ni diligences, ni services organisés quelconques ; si on veut se transporter d’un point à un autre, il est nécessaire d’y aviser mûrement et de faire tout un plan de campagne.

Voici les principales conditions dont on doit s’inquiéter :

Avoir une voiture à soi ;

Se munir d’un domestique interprète, dans le cas où on ignore le suédois (cas assez habituel aux Français) ;