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AU SPITZBERG.

trajet d’une dizaine de lieues. Falkemberg, Warberg, Kongsbacka, qu’on rencontre avant Gothembourg, méritent à peine le nom de villes. Toutes sont construites à peu près sur le même plan et présentent des différences imperceptibles pour le voyageur. Figurez-vous trois ou quatre rues longues et régulières, se coupant à angle droit entre elles, bordées de maisons de bois peintes en rouge ou en gris ; au milieu de ces rues une place avec une église en bois aussi et d’une architecture plus que simple, primitive, et vous aurez l’idée d’une de ces villes, et même de toutes trois.

Le paysage s’égayait un peu pour nous lorsque nous rencontrions quelque prairie. On commençait la fenaison, et des bandes de jeunes femmes et de jeunes garçons étaient occupées à faucher l’herbe et à la faner. Les femmes me parurent, pour la plupart, grandes, fraîches, blondes ; le visage gâté par de vilaines dents, le corps enlaidi par de grands pieds ; leur costume ne dédommage pas ; il n’a rien de pittoresque ; il se compose de robes de laine très longues, de tabliers bleus ou rouges et de mouchoirs de coton noués sur la tête en fanchons. Les hommes, blonds et peu barbus, portent des vestes de gros drap et des pantalons larges, de vrais habitants de l’Orne ou du Calvados, des physionomies assez normandes pour ravir un historien des invasions du dixième siècle et pour impatienter un peintre courant après des types nouveaux.

Quelques lieues avant Gothembourg, on sent l’approche d’une ville riche : la route se borde de maisons de campagne gaies, fleuries, proprettes, cottages suédois tout aussi bien tenus que les cottages