Page:Aurel - Les Jeux de la flamme.djvu/303

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Elle est sensible à la laideur touchante et consacrée de l’uniforme soldatesque, pardonne à l’ineptie de la mission en faveur du vestige patrimonial, que promène crûment cette jeunesse détenue. Couleurs intempestives et déjà périmées qu’elle chérit de n’exprimer enfin qu’une croyance atteinte et qu’un malheur sans violence : un souvenir.

Lisbé ne défendrait pas son sol ; n’y enverrait pas un fils cher ; respectant au delà de tout et défendant l’heure de souffle accordée à chaque être. Elle ne mourrait pas pour son pays ; mais mourrait peut-être de lui, sans forces pour marcher, si ce n’était plus sur ses cendres.


Elle n’a pas d’animation à évoquer l’entrevue avec Pierre. La colère définitive a perdu son goût infernal. Elle a bien le désir de lui demeurer rigoureuse ; mais cette convoitise même a perdu en vivacité.

Quelque chose décidément expire de l’attrait ardu qui les attacha. Une force inopinée, indépendante de l’amour l’avait bien rejetée vers lui ; mais l’approche de cet instant n’éveille qu’un trouble vague, amorti.

La phase ascendante est-elle franchie ? Entrera-t-elle aux pays plats du cœur, avec l’empressement en moins ? Ou le lien se fait-il plus suave, la patience étant apparue ou devenue possible ?