Page:Ausone - Œuvres complètes, trad Corpet, Tome II, 1843.djvu/119

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Entrée dans la chambre à coucher.

Arrivés enfin sous les voûtes de pierre de la chambre nuptiale, ils se livrent en liberté à de doux entretiens : ils se rapprochent, enlacent leurs mains et se placent sur la couche. Mais Cythérée, et Junon qui préside à l’hymen, sollicitent des exploits nouveaux, et les excitent à commencer des combats inconnus. L’époux échauffe la jeune fille de ses tendres caresses, et soudain embrasé de cette flamme accoutumée du lit conjugal : « Ô vierge, beauté nouvelle pour moi, gracieuse compagne, tu es enfin venue, toi mes seules délices, si longtemps attendues ! Ô douce compagne, ce n’est point sans la volonté des dieux que ce bonheur nous arrive : pourras-tu combattre un amour qui te plaît ? » Il dit, elle le regarde et détourne la tête : elle hésite craintive, elle sent le trait qui la menace, elle tremble. Incertaine entre la peur et l’espérance, elle lui adresse ces paroles : « Par toi, par ceux qui t’ont donné la vie, ô bel enfant, je t’en conjure ; je ne te demande qu’une nuit encore, que cette seule nuit. Console une pauvre fille, aie pitié de sa prière. Je succombe, la langue vie manque, mon corps ne trouve plus sa force accoutumée, ma voix et mes paroles expirent. » Mais lui : « Ce sont là de vains prétextes et d’inutiles détours ! » et il renverse tous les obstacles et brise les liens de la pudeur.

Digression.

Jusqu’ici, pour me faire entendre des chastes oreilles, j’ai voilé ces mystères de circonlocutions et de mots détournés. Mais comme la solennité du mariage aime les fescennins, et que cette fête, connue par l’antiquité de son institution, admet la licence dans les paroles, je vais révéler les autres secrets de la chambre et du lit, et je les tirerai du même auteur, afin d’avoir deux fois à