Page:Ausone - Œuvres complètes, trad Corpet, Tome II, 1843.djvu/67

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qui se déroulent sur la longue étendue des eaux, à la vue des villas qui penchent suspendues à la crête des rochers. Le fleuve errant les divise, en promenant ses replis sinueux au milieu d’elles ; et, de chaque côté, des châteaux décorent ses rivages.

Qui peut admirer à présent la mer de Sestos, les eaux d’Hellé, fille de Néphélé, et le détroit de l’adolescent d’Abydos ? Et cet océan de Chalcédoine, dont l’œuvre du grand roi réunit les deux rives, à l’endroit même où un Euripe partage de ses eaux l’Europe et l’Asie, et leur défend de se rapprocher ? Ici on ne redoute ni la rage des vagues marines, ni les luttes forcenées des Caurus en furie. On peut enchaîner ici de longs entretiens, échanger tour à tour des paroles suivies. Ces complaisants rivages se transmettent les voix qui se saluent, les voix et presque les mains elles-mêmes : l’écho, qui va et vient au milieu du fleuve, répète les mots partis de l’un et l’autre bord.

Qui pourrait, parcourant les ornements nombreux et les beautés de chacun de ces domaines, décrire toutes les formes de leur architecture ? OEuvre admirable, que ne mépriserait ni l’artiste ailé de Gortyne, fondateur du temple de Cumes, qui essaya de graver sur l’or la chute d’Icare, et ne put surmonter sa douleur paternelle ; ni Philon d’Athènes ; ni ce génie, estimé de l’ennemi lui-même, qui sut prolonger les nobles luttes de la guerre de Syracuse. Peut-être aussi que ces merveilleux travaux de la main et de la science de l’homme ont eu pour auteurs les sept artistes célébrés au dixième volume de Marcus. Ici s’est révélé dans tout l’éclat de sa vigueur, et l’art de Ménécrate, et la main qui s’illustra